Isolées ou collectives, les intoxications alimentaires peuvent aller du cas simple et sans gravité aux épisodes à l'issue fatale : on se souvient ainsi de l'E. Coli, qui a fait plusieurs morts en Allemagne en 2011.
Un groupe de chercheurs de l'Université de Rochester est parti de l'idée qu'un grand nombre d'intoxications alimentaires pouvaient être évitées, notamment grâce à Twitter.
Ils ont ainsi mis au point un systène nommé nEmesis, qui créé des statistiques en se focalisant sur les tweets géolocalisés de personnes ayant mangé dans un restaurant, et suit leur activité après cette visite.
nEmesis a utilisé 3,8 millions de tweets postés par 94 000 utilisateurs de la ville de New-York, et a ainsi mis à jour 480 cas d'intoxications alimentaires.
nEmesis fait le tri dans les tweets grâce au système de géolocalisation, qui permet de localiser les personnes dans un restaurant, mais aussi grâce à des mots-clés indiquant que la personne est tombée malade après avoir mangé là-bas. Des phrases telles que #uspetstomach (#malauventre) ou "so sick omg" (tellement malade mon Dieu) ont été utilisés comme filtre de recherche.
Ce filtre permet de faire un premier tri dans l'énorme volume de tweets concernant la maladie : dans un deuxième temps, l'oeil humain étant un outil performant, des personnes ont débusqué dans le volume restant les tweets parlant plus spécifiquement d'intoxications alimentaires.
Ainsi, le système localise les restaurants à la suite desquels les personnes ont été sujettes aux intoxications alimentaires. Preuve de la fiabilité de nEmesis, les statistiques se rapprochent fortement de la classification réalisée par le Département de la Santé de New-York.
Les autorités chargées des inspections sanitaires pourraient, à terme, utiliser nEmesis afin de déterminer quel restaurant pourrait faire l'objet d'une inspection sanitaire après un grand nombre d'intoxications alimentaires déclarées, et ainsi baisser significativement le nombre de malades.
Ce système est pour le moment efficace sur la ville de New-York uniquement, notamment car les filtres de nEmesis sont basés sur des expressions spécifiques à cette ville. Développer ce système dans d'autres pays ou langues induirait donc non seulement d'en traduire le contenu, mais aussi de modifier les filtres par des expressions locales.
Si ce système n'existe pas encore sous la fome d'une application, les mêmes chercheurs de l'Université de Rochester ont développé une application nommée GermTracker, qui se base sur les tweets autour de vous afin de vous indiquer les personnes malades. Donc, si vous êtes hyponcondriaque ou germaphobe, cette appplication peut aussi bien devenir votre meilleure amie que la chose qui ne vous fera jamais quitter votre maison.
Le modèle de nEmesis doit encore évoluer pour atteindre une efficacité optimale, mais est un excellent exemple de la contribution que peuvent apporter les réseaux sociaux aux problèmes de santé publique.
Yelp, ce site bien connu de notation des restaurants, est un partenaire privilégié des organisations de santé de la ville de New-York. En offrant les retours des utilisateurs à propos de restaurants, Yelp permet ainsi de dénicher les restaurants travaillant dans des conditions d'hygiène douteuses ou dont les clients ont souffert d'intoxication alimentaire.
Yelp regroupe les opinions d'utilisateurs qui ont testé des restaurants à travers le monde : qu'ils soient positifs ou négatifs, ces retours sont extrêmement utiles à la communauté d'utilisateurs qui souhaite tester un restaurant. Les clients partagent leur opinion, leur sentiment, et font parfois état de leurs possibles troubles et régurgitations post-ingestion, qui font inévitablement l'objet d'un commentaire parfois beaucoup plus détaillé que nécessaire.
Étant donné que beaucoup de clients ne pensent pas à avertir les autorités en cas d'intoxication alimentaire, Yelp est devenu une mine d'information particulièrement riche pour le Département d'Hygiène et de Santé.
Le Département d'Hygiène et de Santé a travaillé en étroite collaboration avec l'Université de Columbia afin de créer un logiciel qui analyserait près de 300 000 commentaires de restaurants sur la ville de New-York, postés sur une période de neuf mois.
En plus de traquer les mots-clés que personne n'a très envie de voir associés à un restaurant (comme "malade", "vomi" et "diarrhée", exemples donnés par le Département d'Hygiène et de Santé), le logiciel fait un lien lorsque les commentaires évoquent deux cas ou plus d'intoxications alimentaires sur un laps de temps de 12 à 36 heures. Ainsi, suffisamment d'informations sont délivrées aux autorités compétentes, qui pourront lancer des investigations plus poussées sur les possiblités d'un début d'intoxication alimentaire collective.
Passer par les commentaires de Yelp a permis aux autorités de prendre contact avec les personnes victimes d'intoxications alimentaires, et ainsi de mettre en place des procédures contre les restaurants qui essayaient de passer outre les lois de santé publique.
Ainsi, le projet a permis de découvrir trois foyers de débuts d'intoxications alimentaires collectives, 16 personnes ayant été malades dans le cas le plus extrême. Sachez d'ailleurs que des visites sur les lieux de cet incident ont permis de découvrir que le restaurant n'était pas uniquement hôte des clients, mais aussi d'une colonie de cafards ou de souris.
Photos : thecookiecollection, npr.org